L’eau de l’Île – L’eau sous nos pieds

L’eau sous nos pieds

« L’approvisionnement en eau est un enjeu problématique à l’échelle globale de l’Île d’Orléans, à la fois pour le secteur municipal et le secteur agricole » (1)

À l’île d’Orléans, les résidents tirent leur eau essentiellement du sous-sol à l’aide de puits de surface ou de puits artésiens. En agriculture, et particulièrement en horticulture, les besoins en eau pour l’irrigation sont comblés par plusieurs centaines d’étangs artificiels creusés çà et là sur le territoire. Ces étangs sont alimentés par l’eau de ruissellement, l’eau souterraine résurgente ou affleurante ou encore par des petits cours d’eau. C’est donc dire que les réserves d’eau souterraine sont particulièrement sollicitées sur le territoire de l’Île et à Saint-François.

Réserve souterraine

Sur le territoire orléanais, en général, c’est la roche sédimentaire (l’aquifère) qui, sous une faible épaisseur de sol meuble, abrite l’eau dans ses fissures. L’aquifère se recharge soit par sa partie supérieure (ruissellement après la pluie ou la fonte des neiges, cours d’eau), soit sous la surface (nappes voisines, etc.). On comprend donc que les prélèvements d’eau à l’intérieur d’un aquifère ne doivent pas, au minimum, excéder sa capacité à se réapprovisionner en eau. On comprend aussi qu’en période de sécheresse estivale, faute de recharge, la nappe phréatique (l’eau emprisonnée dans la roche) puisse baisser considérablement, parfois jusqu’à l’assèchement des puits. Ajoutons à ces considérations que si le sol en surface est boisé, le phénomène d’évapotranspiration (2) peut contribuer de façon significative, surtout si la température est élevée, à diminuer ou même stopper la recharge d’un l’aquifère.

Figure 1

« […] si le pompage est suffisamment rapide ou dure suffisamment longtemps […] une partie de l’eau de surface peut aussi être attirée vers l’aquifère sous forme de recharge induite et pourra finir par être pompée du puits. Cette situation n’est habituellement pas problématique avec les puits résidentiels privés, mais peut le devenir dans le cas des puits de plus grande capacité utilisés par une municipalité ou une installation industrielle ». (3)

Effets à distance

Puiser de l’eau souterraine provoque un abaissement localisé de la surface de la nappe (surface piézométrique). Dans un puits artésien par exemple, cet abaissement prend la forme d’un cône que l’on appelle cône de rabattement qui est centré par rapport à la verticale du puits (voir la figure 1). Évidemment, le pompage d’un puits ayant cessé, la nappe retrouve son niveau antérieur à plus ou moins long terme, selon sa durée, la quantité d’eau extraite et sa capacité de recharge; ce qui est vrai pour des pompages modérés. Dans le cas de pompage excessif et/ou à long terme, la surface de la nappe peut ne jamais retrouver sa hauteur d’origine et s’abaisser graduellement au fil du temps. On sait par ailleurs que le rabattement peut s’étendre sur de longues distances à tel point qu’il peut influencer la disponibilité de l’eau dans des puits voisins en autant, bien entendu, que ces derniers puisent à la même nappe. On sait aussi que des nappes souterraines peuvent s’échanger de l’eau entre elles; ainsi, en milieu côtier, une nappe d’eau salée peut servir à alimenter une nappe d’eau douce surtout si la première est particulièrement sollicitée.

Effets prévisibles du puisement d’un grand volume d’eau en été

Que dire alors, comme ce sera sans doute le cas pour le village récréotouristique Huttopia à la Pointe d’Argentenay de l’Île d’Orléans, d’un prélèvement d’eau de grand volume, en plein été, sur un site essentiellement boisé? En fait nous n’en savons trop rien malgré de bien légitimes inquiétudes. Car pour répondre définitivement à cette question, il faudrait impérativement procéder, en été, à des essais de pompage sur une longue période qui tiennent compte des effets à distance, ce qui de toute évidence ne fut pas fait.

Références:

  1. Mylène Généreux et al., Programme canadien d’adaptation agricole, Rapport final, Étude de faisabilité technique de l’utilisation de l’eau du fleuve pour l’irrigation des cultures horticoles de l’Île d’Orléans, janvier 2014.
  2. L’évapotranspiration résulte de deux phénomènes : l’évaporation, qui est un phénomène purement physique, et la transpiration des plantes. La recharge des nappes phréatiques par les précipitations tombant en période d’activité du couvert végétal peut être limitée. En effet, la majorité de l’eau est évapotranspirée par la végétation. D’après Dictionnaire environnement / actu-environnement.com.
  3. Source : MAAAR (Ontario), Eaux souterraines – Une ressource rurale importante / Gérer les réserves d’eau souterraines, fiche technique, révision nov. 2018.

Un commentaire sur “L’eau de l’Île – L’eau sous nos pieds

  1. Comment après autant d’années que cette zone a été déclarée zone protégé que le ministère culturelle et environnement puisse accepter un tel projet sur le site mentionné si cela est approuvé par les ministères à quoi sert de contrôler chaque projet de citoyen Surl’Île

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